La diarrhée est la maladie de loin la plus fréquente chez les jeunes veaux : environ un nouveau-né sur 5 est touché au cours du premier mois de vie. Les conséquences peuvent être dramatiques puisque 10% des animaux atteints meurent ; à l'échelle d'un élevage, la mortalité atteint parfois des valeurs beaucoup plus élevées.
Les diarrhées du jeune veau sont le plus souvent d'origine infectieuse ; une vingtaine d'agents responsables sont identifiés et peuvent être classés en trois groupes : bactéries (colibacilles, salmonelles, ...), virus (rotavirus, coronavirus,virus de la BVD...) et parasites (cryptosporidies,coccidies, Giardia). Dans certains cas, aucun agent infectieux n'est en cause, la diarrhée résultant d'une mauvaise digestion du lait ;on parle alors de diarrhée alimentaire.
Le recours obligatoire à l'analyse
Rien ne ressemble plus à une diarrhée de veau qu'une autre diarrhée. Bien sûr, certains éléments permettent d'orienter vers une cause plutôt qu'une autre (âge à l'apparition de la diarrhée, déshydratation, mortalité, aspect des fèces...) mais aucun signe spécifique ne permet de connaître avec certitude l'agent responsable. Ceci est d'autant plus gênant que les médicaments à utiliser sont très différents selon qu'une bactérie, un virus ou un parasite est en cause. Ainsi, l'utilisation d'antibiotiques n'a pas d'effet en présence d'un virus ; la vaccination des mères ou des veaux est inutile si seul un parasite est en cause... Pour un même groupe d'agents, le traitement peut aussi être très variable : par exemple, la cryptosporidiose ne se traite pas avec le même médicament que la coccidiose ou la giardiose. Pour être certain du diagnostic, et donc pouvoir mettre en place un traitement efficace, il faut réaliser un prélèvement de matière fécale et le faire analyser pour découvrir la cause de la diarrhée. L'analyse permet également de vérifier si un seul agent est impliqué ou si, au contraire, plusieurs respon¬sables sont associés.
Les cryptosporidies, agents n°l
Les enquêtes les plus récentes réalisées en France montrent que les cryptosporidies, seules ou associées, sont les agents les plus souvent isolés : elles sont retrouvées chez 40% des veaux diarrhéiques, et même une fois sur deux pour les veaux allaitants. Les cryptosporidies ont été longtemps sousestimées du fait de l'absence de recherche spécifique ; seule l'analyse des matières fécales peut confirmer leur présence.
Parmi les autres parasites, l'implication de Giardia semble croissante mais celuici ne fait que rarement l'objet d'une recherche.
Quant aux coccidies, elles ne sont identifiées qu'à partir de 3 semaines d'âge. Les résultats des laboratoires confirment aussi l'importance des colibacilles. Mais il ne s'agit pas uniquement du "fameux" colibacille K99 (=F5), responsable de la diarrhée avec déshydratation vers 2 jours d'âge. Dans la plupart des régions, à la fois en élevages laitiers ou allaitants, il est dépassé en fréquence par d'autres colibacilles : le CS31A en particulier, parfois le FY (=F17) ou le F41. Contrairement au K99, les colibacilles CS31A, F41 et FY ne sont pas toujours recherchés. Or, là encore, on ne peut trouver que ce que l'on cherche : l'analyse doit donc être la plus complète possible pour ne pas "passer à côté" d'un agent. Les colibacilles CS31A, F41 et FY sont assez régulièrement associés aux cryptosporidies. Enfin, rotavirus et coronavirus sont les virus les plus fréquemment identifiés. Leur association avec les cryptosporidies ou les colibacilles n'est pas rare. Le virus de la BVD peut aussi être impliqué, en particulier sur les veaux à viande.
Privilégier la prévention
La maîtrise des diarrhées du jeune veau est fondée sur la mise en place de mesures visant d'une part à limiter la contamination des animaux, d'autre part à augmenter leurs défenses. La limitation de l'infection des animaux suppose une bonne conception des bâtiments d'élevage (aire de vêlage, local spécifique pour les veaux, surface suffisante, respect des normes pour la circulation d'air,...), un entretien régulier (paillage, désinfection) et une bonne gestion des lots d'animaux (respect des normes de densité, pas de mélange entre classes d'âge, séparation des malades, ...). Le renforcement des défenses des veaux est fondé sur la prise précoce et en quantité suffisante d'un colostrum de bonne qualité. Les vaches en fin de gestation doivent être vaccinées pour transmettre au veau une protection spécifique. Les vaccins existants sont maintenant assez largement utilisés ; ils protègent contre les rotavirus, les coronavirus, le virus de la BVD et certains colibacilles. Par contre, aucun vaccin n'est disponible contre les cryptosporidies, agent n°l des diarrhées du veau. Longtemps dépourvue de traitement spécifique, la cryptosporidiose peut désormais être contrôlée à l'aide d'un médicament commercialisé par le laboratoire INTERVET. Le traitement préventif des nouveaunés doit débuter le plus rapidement possible, dans les 48 premières heures de vie. Il doit être mis en place dès l'apparition des premiers signes de la maladie dans l'exploitation. Dans tous les cas de diarrhée chez le veau, il est indispensable d'en découvrir les agents responsables. C'est pourquoi l'intervention rapide de votre vétérinaire est un gage d'efficacité : grâce à une analyse, il pourra sans attendre vous proposer le traitement le plus efficace.